Flamboyance, Puissance et Ambiance : 30 Nuances de Noir(es) à la MC93 Bobigny

Vous les avez peut-être aperçues à La Villette, à Arras ou alors à Aubervilliers.

Une fanfare de femmes noires paradant fièrement, dansant, chantant, s’exprimant, au sons des instruments, qui propose un spectacle aussi inouï qu’unique. 30 nuances de noir(es), cette formation “ inspirée des fanfares New Orleans, qui regroupe 11 musicien-ne-s et 11 danseuses de waacking, locking et jazz” à voir absolument ! En tout cas, ce sont des rencontres que l’on n’oublie jamais, qui nous marquent et nous enrichissent ! 

30 nuances de noir(es) est une expérience à vivre. Et ça tombe bien la parade sera ce Samedi 3 Juillet devant l’Hôtel de ville de Bobigny en face de la MC93, une fête à ne manquer sous aucun prétexte


Rayonnantes, flamboyantes, à couper le souffle, une réussite à tous les niveaux… Voilà les remarques dithyrambiques qu’inspire 30 nuances de noir(es)

L’idée germe il y a près de 20 ans dans la tête de Sandra sainte Rose Fanchine alors qu’elle officie à Aubervilliers. 

C’est en 2017 que naît le projet 30 nuances de noir(es) alors que Sandra propose un atelier de danse Waacking et de souls steps, dans le cadre de rencontres et d’échanges, autour de l’empowerment, de 46 femmes racisées. L’envie de poursuivre cette expérience se concrétise sous la forme de 30 nuances de noir(es), une parade inspirée des fanfares New Orleans, qui regroupe 11 musicien-ne-s et 11 danseuses de waacking, locking et jazz.

Et cela donne une performance puissante, en mouvement, hybride, qui s’adapte aux lieux et se les approprie. Des interprétations vibrantes, une vitalité et des énergies positives, 30 nuances de noir(es) puisant dans le répertoire de la soul music, de la funk en passant par la pop, et délivrant des versions réactualisées de titres emblématiques du féminin afro : “Respect”, “Lady”, “4 women”, “Hot pants road” etc. 

Musiques de luttes, musiques qui racontent les femmes, leurs expériences, brisent des tabous, s’émancipent des assignations.

La chorégraphie, les voix, cuivres et percussions nous transportent, nous émeuvent, nous interpellent alors que les costumes créés par Merci Michel (Annie Melza Tiburce) et Sandra Sainte Rose Fanchine nous en mettent plein la vue. 

Le discours et l’esthétique marchent  de concert, se portent l’un l’autre. La présence de ces femmes noires – et quelques hommes ne les oublions pas – , impressionnante, achève le tableau idyllique. C’est grandiose et de toute beauté. 

L’envie du public de prendre part est palpable, un tiraillement se fait sentir entre désir de participer et une incapacité à le faire tant l’expertise, les talents, l’exécution parfaite sont présents et de haut vol.

 “30 nuances de noir(es) raconte dans un mélange d’esthétiques musicales et chorégraphiques afroaméricaines, africaines, les revendications des femmes noires françaises quant à l’authenticité et la pluralité de leurs identités”

L’idée est de lier la danse, la musique et l’esthétique aux histoires des luttes et revendications de femmes noires, hors “normes”. Ce dispositif permet de saisir les enjeux politiques des musiques et danses jazz et soul/funk, pérenniser et réinventer l‘héritage africain notamment au sein des diasporas, et mettre en exergue “la réappropriation de la fierté noire”, et “l’affirmation des identités de race et de genre”…

crédit photographique : SEKA avec l’aimable courtoisie de Sandra sainte Rose Fanchine et 100DRA SEINTROZ

Sandra sainte Rose Fanchine précise :  “30 nuances de noir(es) raconte dans un mélange d’esthétiques musicales et chorégraphiques afroaméricaines, africaines, les revendications des femmes noires françaises quant à l’authenticité et la pluralité de leurs identités”. En effet, 30 nuances de noir(es) s’empare du Waacking qu’elle lie à la tradition du Marching Band avec ses propres sonorités.  

A l’instar du locking et du popping, le waacking est une danse issue de la Funk, un funkstyle. Le waacking est une danse des années 1970 née à hollywood et  pratiquée par la communauté Gay afro et latino américaine. Ainsi, cette gestuelle “cristallise les transgressions de normes de genre, en étant une danse de réappropriation de son corps et de sa beauté intrinsèque dans un cadre hétéronormatif, où les normes de féminité sont définies par le capitalisme, le patriarcat et la blanchité” explique Sandra.

Ne vous y méprenez pas, ces thèmes comme la performance touchent tout le monde. 

30 nuances de noir(es) propose de sortir des représentations figées, subies imposées ou choisies, des stéréotypes. 30 nuances de noir(es) évoque la mise à la marge quand il ne s’agit pas d’absence de représentation ou d’effacement, montre l’importance des représentations pour se construire. Une manière jouissive de remédier à ces problèmes, de revendiquer sa place au sein de nos sociétés, dans l’espace public, et de reprendre possession de son corps, de sa voix, de son esprit. 

C’est une manière rafraîchissante pour ces corps féminins discriminés racialement de se réapproprier l’espace public, et par la beauté du geste, des protagonistes, par la force de la proposition de partager une expérience libératoire, libératrice dont nous avons toutes et tous tant besoin.

30 nuances de noir(es) ce sont aussi des actions culturelles auprès de femmes, dans les collèges et lycées, associations, dans les conservatoires et fabriques, en danse et musique. 

Sandra sainte Rose Fanchine, la créatice, interprète et chorégraphe de 30 nuances de noir(es) évolue dans le milieu hip-hop notamment en tant que directrice artistique du magazine Radikal ou membre du groupe de streetdance Vagabond Crew dans les années 1990. Elle développe par ailleurs un travail chorégraphique qu’elle lie aux problématiques de genre et d’identité dans le hip-hop comme dans la société. Artiste polyvalente, formée aux danses afro-caribéennes, Sandra sainte Rose Fanchine est interprète dans de nombreuses compagnies telles Difé Kako, Cie Traces/Raphaëlle Delaunay, ou encore La Horde

Elle crée la compagnie 100DRA SEINTROZ qui propose 30 nuances de noir(es) sur lesquelles il faudra compter à l’avenir et qui promettent de secouer, renverser, bouleverser pas mal d’idées et de façon de faire. 

Venez nombreux et nombreuses voir cette œuvre, ce monument, ode aux femmes noires et à la liberté. 

Flavien Louh 

Découvrez 30 Nuances de Noir(es)

à la MC93 à Bobigny ce Samedi 3 Juillet à 16h00 

Gratuit

Crédit photographies de l’article : SEKA avec l’aimable courtoisie de Sandra sainte Rose Fanchine et 100DRA SEINTROZ

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Prochaines dates :
 Le 26 Septembre, Festival Mosaïque, à la Faïencerie de Creil
 Le 3 Octobre, Festival Zébrures d’Automne, Francophonies, Limoges
Sandra sainte Rose Fanchine 
crédit photographique : SEKA avec l’aimable courtoisie de Sandra sainte Rose Fanchine et 100DRA SEINTROZ

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