Performer dans les rues de Saint-Denis

19 juillet 2021

C’est sous un soleil désespérément-recherché depuis le début de l’été parisien, que s’introduit l’après-midi du dimanche 18 juillet 2021. Ambiance contraigno-propice pour la performance qui allait suivre [comme j’allais en être témoin plus tard] …

Arrivé un peu avant 15h, quelle fut ma joie d’avoir la possibilité d’entrée-visuellement dans les préparatifs de l’artiste Jelili Atiku. Tout en respectant la distance que je m’impose lors d’une performance, dans ce cas précis, se résumant à rester sur le trottoir opposé au portail d’entrée du Musée d’Art et d’Histoire Paul Éluard de Saint-Denis, prenant en compte deux facteurs précis : celui d’observer l’apprêtement performatif et la ré-ception/action extérieure.

Voici

Le grand escalier du musée
Sur lequel
En son centre
Se trouve stoïquement
Une femme
De bois De petite taille

[ ou de grande taille
comme le signalera les autres

Femmes]

Exclu•es-x ou Non-initié•es-x
Aux préparatifs
De ce qui allait suivre
Ce qui semble être les Autres
Regardent S’arrêtent Scrutent S’interrogent
« Du body-painting ?! » s’exclamera une jeune femme à son amie

Non !
Ou alors Oui !

Mais non de ce que l’Occident l’entend
B.o.d.y.-P.a.i.n.t.i.n.g

Le rapprochement plutôt familier mais non-juste ici de ce que
J’aurai appelé le Mas dans un contexte carnavalesque guadeloupéen

Ce rite d’incarnation
Devenir pour être
Entité
Être pour perdre
Toute humanité

Quant aux invité•es-x
Cel•x aux aguets, averti•es-x
Rentrent Passent Franchissent S’attablent
À l’intérieur

C’est un peu le même problème partout ! Le vaste territoire de la Seine-[Saint-
Denis, précisément] d’avoir en son sein pléthore d’institutions ou d’espaces

culturels sans que les habitant•es-x ne se sentent happé•es-x de la même
euphorie que « cel•x-qui-s’incrustent ». Sans vouloir rejouer une nouvelle fois la
carte du fameux « Nous et les Autres » si cher à l’anthropologie, mais ne pouvant
qu’être réaliste d’une réalité se rejouant en écho du passé.

Jelili Atiku
Maintenant
Entité-performative
S’enveloppe

D’une cape plastique transparente

Et

Se recouvre au scotch
Le visage des femmes
[celles supposées plus tôt]
Au nombre de quatre [coins du monde]

Placées au
Nord Sud Est Ouest
De sa tête

À plusieurs reprises surgit la figure féminine, que ce soit dans ce texte ou dans
la performance. Ìyáláàyá, du yoruba signifie la grand-mère, la matriarche, la
mère Suprême. Celle aux petits soins à chaque jour de la vie. Celle prodiguant
guérison, soins. Celle me surplombant dans l’escalier. Celle de qui part ce tracé
de craie, exécuté par la main – plus tard le pied de Jelili Atiku. Celle portée de
point en point, de pause en pause performative. Celle de qui une aura
concentrique se dessine sur le sol. Ici autour d’une étoile. Là-bas réparant les
maux de ce monde. Rwanda. Discrimination. Dont Cross Border. Mots-œuvres
de Barthélémy Toguo collés au sol. Celle dans les bras de Jelili Atiku. Celle
guidant son monde [éphémère, de l’instant performatif]. Celle délivrant la
Sophie de Mary Sibande remarquée furtivement au loin d’une rue. Celle
culminant Jelili Atiku quand il s’écroula de fatigue ? de soif ? d’asphyxie ? de
raisons multiples qui seront ou non déchiffrables ? Celle qui conclut au centre
de la chapelle ce moment par un Bonjour – Au revoir – Je serais toujours là pour
vous, pour toi…


Merci à nos [grands-]mères, sœurs, tantes, filles d’être la BONTÉ incarnée de
ce monde.

David Démétrius

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