POLITICS OF SOUND #2
LES MUSIQUES QUI RÉPARENT LES CORPS ET LES RÉCITS
AFRIKADAA N°17

EDITO
La thématique « Politics of Sound » nous invite à explorer le rôle de la musique comme force sociale et politique, une écoute souvent négligée mais incroyablement puissante de notre culture et de notre société. Échappant au visible, la musique est capable de refléter, de percevoir et d’entendre le monde d’une manière plus juste, masquée par le regard.
Pour célébrer l’année 2024, la revue Afrikadaa propose dans son prochain numéro Politics of Sound #2 une archéologie captivante des sonorités et des mouvements musicaux comme impulsions, rythmes, convulsions, émeutes, soulèvements, fluctuations et battements des transformations sociales, politiques et culturelles.
Ce numéro s’engage de fait à questionner la multiplicité des courants musicaux ayant marqué les luttes pour les libertés, les droits civiques ou les mouvements panafricains. À travers des récits fictifs, il s’agira d’établir des ponts entre une histoire esthétique et une histoire sociale et politique du son et de la musique, révélant ainsi leur profonde influence culturelle et politique et l’inter-dépendance de ces influences.
Ici, la musique se profile comme la promesse et le mouvement vers des mondes différents. Dans une écoute décoloniale, elle est entendue comme un geste de résistance et de ré-appropriation culturelle. Musiques et sonorités deviennent alors des espaces privilégiés, à la fois matériels et immatériels, passés, présents, futurs et en devenir, où les voix marginalisées peuvent s’exprimer, où la libération peut s’imaginer et les récits alternatifs, prendre forme.
Alors que des penseur.euse.s tel.le.s que Frantz Fanon, Walter Mignolo ou Achille Mbembe ont souligné les implications du colonialisme sur les identités et les cultures — insistant sur l’importance de la résistance culturelle dans la lutte contre l’oppression —, des artistes emblématiques comme Miriam Makeba, Fela Kuti, Nina Simone, Sun Ra, Bob Marley ou encore Cesária Évora ont incarné la musique comme une lutte contre les oppressions et une affirmation de leurs identités, inextricablement culturelles et politiques.
En examinant comment les créateur.ice.s s’approprient le son dans leur production artistique, il est crucial de reconnaître les dynamiques de pouvoir coloniales qui ont façonné et limité les possibilités d’expression culturelle pour de nombreuses communautés. Cependant, la musique offre également un espace de réappropriation où les artistes peuvent subvertir ces dynamiques de pouvoir et créer des récits alternatifs qui défient les normes établies.
Ainsi, la thématique « Politics of Sound » offre une occasion précieuse de mettre en lumière les voix et les perspectives souvent marginalisées dans le récit dominant, qui ont donné vie à des visions singulières, ouvrant des possibilités de transformation, de réparation et de libération à travers la musique. En encourageant les lecteur.ice.s à écouter différemment, à traverser les multiples couches de signification et d’émotion que la musique peut offrir, tout en réfléchissant à son rôle dans la construction de récits culturels et politiques alternatifs, la revue s’attache à questionner, dans ce dernier opus, les productions sonores comme réparations des corps et des récits.
Politics of Sound #2 : les musiques qui réparent les corps et les récits, invite les auteur·ice·s à explorer la puissance des sonorités et des courants musicaux dans les écosystèmes contemporains, passés et à-venir. En s’inspirant du concept de l’ écologie sonore, les contributeur.ice·s sont encouragé·e·s à découvrir les sons enfouis dans notre environnement, ouvrant ainsi de nouvelles manières de circuler dans le monde, liant les êtres humain·e·s au vivant et à l’invisible. Le maintien de ces relations sont indivisibles du rôle de la musique dans les mouvements de résistance culturelle et politique à la colonisation. La cérémonie du Bois-Caïman, impulsion de la Révolution haïtienne, se situe à la croisée de l’invisible et du visible, des sons des bois de la Morne-Rouge, de la pluie, de l’orage et du tonnerre, de la musique des tambours, des crépitements du feu et des voix de Cécile Fatiman, Dutty Boukman et des maron·ne·s.
La musique, en ce sens, n’est pas seulement un moyen de résistance ; elle est aussi un moyen de réparation. Les sons et les rythmes peuvent avoir un effet profondément thérapeutique sur les individus et les communautés, guérissant les traumatismes historiques et sociaux et renforçant le sentiment de solidarité et d’appartenance. Elle crée alors des espaces de guérison où les gens peuvent se rassembler, se connecter et se soutenir mutuellement dans leur lutte pour la justice et la dignité.
En explorant la thématique « Politics of Sound » d’un point de vue écologique, culturel, artistique et géopolitique, nous sommes invité.e.s à reconnaître et à célébrer le pouvoir de la musique comme catalyseur, espace, appel, mouvement et outil puissant de résistance, de guérison, de libération et de transformation sociale et politique. Cet appel à contribuer offre une occasion précieuse de participer à ce mouvement vital et de faire entendre nos propres voix dans le grand orchestre du changement social.
Ont participé à ce numéro :
Ackah-Diaz • Alan Smart • Alan Marzo • Alice Dubon • Alice Bourdelon • Anguezemo Mba Bikoro • Abrie Fourie • Arlette Kotchounian Aryan Kaganof and Garth Erasmus (GAKA) • Blaise N’Djehoya • Boulomsouk Svadphaiphane •Cassandra Semeu Kwekam • Charlize Anguiley • Christelle Akué • Daniel Browning • David Démétrius Jean-François Boclé • Edgar Moreno • Susana Awas Eloïse Mehard • Helio Volana • Holly Bass • Eiliyas • Eric Blaze • Eva Augustine • Fred Tritta • Grégoire Rousseau • Eddie Choo Wen Yi • Flavien Louh • Grégoire Manuel Hechavarria Zaldivar • Juan Gomez • Kamwanji Njue • Keith Rice Laura Bini Carter •Keziah Jones • Madina Touré • Marc Johson • Michel-Ange Quay • Magnus Elias Rosengarten • Napoleon Maddox • Nathalie Muchamad • Pascale Obolo • Naomi Macalalad Bragin • Olivier Marboeuf • Olivier Wumbu Mukiandi • Oscar Ngu Atanga • Parfait Tapabsi • Rafael Serrano • Ramachandra Borcar • Roger Raspail • Romane Madede Galan • Kim Petras Samuel Lamontagne • Samuel Nja Kwa • Satch Hoyt • Soñ Gweha • Snake Zora • Tobi Onabolu • Tom Boagert • Wilfried Nakeu • Yohann
Quëland de Saint Pern • Zoie Dash • Dennis Morris • et tant d’autres
Spécifications:
Titre : AFRIKADAA N°17 / Politics of sound
Edi on de 1000 exp / Français-anglais
Taille : 21 cm (L) x 29.7cm (H)
Pages : 312
N° ISBN : 978-2-9561066-1-6
Prix : 40 euros
Présentation de la revue afrikadaa:
Afrikadaa est une plate-forme, un laboratoire qui intègre la richesse d’une scène artistique émergente dont la production mérite visibilité et réflexion. La revue est un espace curatorial déterritorialisé où artistes et acteurs de la création contemporaine interrogent esthétique et éthique face aux enjeux majeurs de la mondialisation. Parce qu’il est temps de redéfinir les relations entre territoires, idées et mouvements artistiques, AFRIKADAA est une revue qui apporte une autre perspective à la scène artistique contemporaine en racontant l’histoire et les trajectoires des communautés d’artistes au-delà des frontières du marché. Les voix qui s’expriment à travers AFRIKADAA aujourd’hui viennent combler un manque et un décalage existant entre continuum colonial des discours et pratiques de résistance locales, et montre que continuer de parler de » nous » sans » nous » fait preuve d’une incompréhension globale sur les problématiques postcoloniales. AFRIKADAA s’impose ainsi comme une poche de résistance vis-à-vis des pratiques de légitimation du pouvoir.
Créé en 2013, AFRIKADAA, la revue d’art papier et digitale est gérée par un collectif d’artistes, commissaires, historiens d’art, activistes et étudiants.
Site web: https://africanartbookfair.com/afrikadaa-magazine/
Infos : zugas.pascale@gmail.com / 0609552657
